Sur le départ de Jean-Luc Bennahmias

12 mai 2007 par Alain Lipietz

Nous sommes consternés et regrettons la décision de Jean-Luc Bennahmias de quitter les Verts pour rejoindre le Mouvement démocrate. Il s’agit d’une décision personnelle que nous avons apprise par voie de presse hier matin et nous avons été choqués de l’habillage « européen » donné à cette décision dans certains articles relayant des déclarations de responsables Verts et de Jean-Luc.

Notre expérience de plusieurs années de parlementaires Vert européens nous convainc au contraire davantage de l’utilité du groupe Vert au Parlement européen et de la nécessité de construire un parti Vert européen consistant et dynamique. Les batailles constantes pour promouvoir les énergies renouvelables, les modes de transport sobres, une agriculture bio et sans OGM ne sont portées par personne d’autres !

Le Parlement européen, élu à la proportionnelle, a un fonctionnement très différent de celui de l’Assemblée Nationale française structurée par le scrutin majoritaire. Il n’y a pas au Parlement européen de majorité constituée pour toute la durée de la mandature qui verrouille le débat et proscrit tout travail commun entre groupes politiques. Au contraire, sur chaque dossier, il faut se battre pour obtenir des majorités qui se font parfois avec les uns, parfois avec les autres... et quelques fois pas du tout. C’est pourquoi nous travaillons pour construire des majorités ponctuelles sur certains dossiers avec nos collègues des groupes communiste, socialiste et libéral-démocrate et c’est ce qui donne une grande qualité au travail du Parlement européen. C’est ce qui permet aux Verts, malgré la relative petite taille de notre groupe, de faire avancer ses idées et ses positions.

Ainsi, par exemple, pour défendre l’Etat de droit, le respect des libertés fondamentales et des droits de l’Homme, nous joignons bien souvent nos voix à celles des libéraux contre la droite conservatrice. Nous sommes également avec eux lorsqu’il s’agit de promouvoir l’approfondissement de l’Europe politique contre les souverainistes et les nationalistes. Mais nous ne pouvons évidemment pas nous retrouver avec le groupe libéral-démocrate sur les questions énergétiques, il est pro nucléaires, ni sur les questions de services publics ou d’harmonisation sociale et fiscale.

Il est donc particulièrement mal venu de considérer qu’à trop collaborer avec les autres groupes politiques, nous sérions finalement amenés à changer de bord : Non, il n’y a pas de "pathologie européenne" de la confusion politique. Il y a une pratique européenne du débat démocratique transnational, fondée sur la représentation proportionnelle que les Verts prônent jusqu’ici, et elle est un antidote radical contre le sectarisme et le dogmatisme.

Vive les Verts et vive l’Europe.

Déclaration des députés européens Hélène Flautre, Alain Lipietz et Gérard Onesta

Photo © Perline.



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